Deuxième article du blog et suite directe du premier que je vous invite donc à lire ici si ce n’est pas déjà fait. J’avais pris le temps de vous expliquer les différents types de déchets et ça nous sera très utile pour cet article qui traite de l’évolution des quantités de déchets ces dernières années, et plus précisément des déchets ménagers et assimilés (DMA).
Evolution des déchets ménagers et assimilés depuis 2005
Pour rappel les données open source que nous utilisons ici proviennent du site SINOE[1]https://www.sinoe.org appartenant à l’ADEME. Elles vont de 2005 à 2015, à l’heure où j’écris ces lignes. Alors évidemment ça ne permet pas de retracer l’histoire des déchets depuis Charlemagne mais en 10 ans on peut quand même avoir une idée de l’évolution récente.
La figure ci-dessous retrace l’évolution des trois quantités suivantes (en kg/hab) :
- Les ordures ménagères résiduelles (OMR) – la poubelle « classique »
- Les collectes sélectives – « recyclage » : emballages (plastique, carton, métal), papiers, biodéchets, verre
- Les déchets ménagers et assimilés (DMA) qui englobent les deux premières catégories en y ajoutant les encombrants et les apports en déchèterie[2]y compris les gravats qui sont parfois écartés des calculs
Le graphique est interactif (blog haute technologie), vous pouvez cliquer sur la légende pour enlever l’une ou l’autre des courbes si vous voulez en voir une en particulier ou survoler un point pour connaître sa valeur.
- Bonne nouvelle, les ordures ménagères résiduelles sont en constante diminution (-20% sur la période), et ça c’est vraiment essentiel quand on sait ce qui les attend (objet d’un futur article)
- Les collectes sélectives et les DMA sont restés relativement stables sur la période (+2% pour les premiers, -1% pour les seconds). A titre personnel, première surprise, car j’aurais imaginé que la partie « recyclage » augmenterait plus que ça. C’est effectivement le cas pour les emballages et papiers qui ont augmenté de 15% sur la période pour arriver à 47 kh/hab en 2015. Pour information le verre représente 29 kg/hab (stable sur les 10 ans)
- Si ce n’est pas la hausse du recyclage qui compense la baisse des OMR, c’est donc les apports en déchèterie qui ont bondi durant les 10 ans, bien aidés par une hausse du nombre de déchèteries de 9% sur la période (on en compte 4647 en 2015)
- d’un côté les déchets destinés à la déchèterie ont effectivement augmenté à cause du renouvellement toujours plus rapide de l’électroménager ou du mobilier notamment ; et qu’en même temps l’augmentation du nombre de déchetteries a permis de collecter une part plus grande qui finissait avant en dépôt sauvage (et donc non comptabilisée)
- de l’autre les politiques d’incitation à la réduction des déchets, et notamment le compostage de proximité (lui aussi non comptabilisé), ont commencé à porter leurs fruits en détournant une part croissante de déchets organiques de leur funeste destin
Retour vers le futur
Cette courbe représente les ordures ménagères résiduelles + collectes sélectives des ménages seuls (et non assimilés comme ce que l’on regarde jusqu’à présent). C’est-à-dire la somme des courbes noire et verte de la figure précédente auxquelles est enlevée une estimation[4]J’en parle déja dans l’article précédent, l’ADEME estime à 78% la part des ménages dans les DMA. C’est manifestement ce coefficient qui est utilisé dans cette courbe. On … Continue reading (22%) de la contribution des commerces et petites entreprises de ville (assimilés). Cela n’aide pas à la lisibilité, j’en conviens[5]Petit aparté : j’essaie de rendre les choses le plus clair possible dans le blog mais je me prends moi-même très souvent la tête en essayant de recoller les informations qui … Continue reading.
Que nous dit cette courbe ?
En 1960, alors que Ben Hur caracole en tête du box office, les déchets des ménages représentent environ 180 kg/hab. La quantité de déchets par habitant augmente continûment jusqu’à atteindre près de 355 kg/hab en 2000 (+100%). Puisque vous posez la question, c’est Taxi 2 le film le plus vu cette même année. Hasard ou coïncidence ?
Si on regarde du bon côté des choses, depuis 2000 la quantité de déchets des ménages diminue jusqu’à atteindre 271kg en 2015. Si on est un peu moins optimiste ça représente encore +50% de déchets ménagers par habitant par rapport à 1960. Et c’est là l’enseignement essentiel de cette courbe, si la tendance récente est à la baisse, on part de très loin et il était donc plus que temps d’agir. Au rythme actuel il faudra encore de nombreuses années ne serait-ce que pour revenir au niveau de 1960.
Et au global ?
Avant de conclure cet article je voudrais finir par un point qui me semble essentiel. Je comprends bien l’intérêt de calculer une quantité de déchets par habitant qui est évidemment plus parlante pour tout un chacun. Mais cette représentation peut être trompeuse et il ne faut pas que cela masque le vrai défi. Les ressources sont finies et n’augmentent pas avec le nombre d’habitants. Dit autrement, on ne peut pas ignorer l’augmentation de la population et c’est donc important de bien regarder la quantité globale de déchets.
La figure suivante reprend les mêmes données qu’au début de l’article en prenant cette fois la quantité globale sur le territoire français pour chaque catégorie (millions de tonnes) :
La baisse des OMR est toujours bien là bien qu’un peu moins forte (-15%) mais le reste est en hausse : +5% pour les DMA et +18% pour les collectes sélectives. Evidemment tout ça ne tient pas non plus compte des déchets qui s’accumulent dans la nature et les océans, ni de ceux générés à l’étranger par nos modes de consommation.
Revenons en 1960. La France comptait plus de 45 millions d’habitants contre plus de 65 millions actuellement. En termes de déchets cela signifie 8,2 millions de tonnes pour les ménages seuls en 1960 et 17,4 millions en 2015 (+110%). S’il n’y a qu’à chiffre à retenir c’est peut-être celui-là : l’ensemble des ménages français actuels produit plus du double de déchets que ceux de 1960. Cela illustre bien le problème auquel nous faisons face, avec certaines ressources qui risquent de disparaître dans les décennies à venir. Autrement dit, réduire les déchets à la source est plus que jamais un enjeu d’actualité !
Conclusion
Cet article a tardé plus que je ne l’espérais à sortir. Pour mes bonnes résolutions de 2020 je prévois au minimum un article par mois. Les choix de sujets sont nombreux mais il concernera certainement le coût de ces déchets. C’est moins connu, mais au-delà de l’impact environnemental, le coût est également considérable et ne va cesser d’augmenter.
En attendant je reste bien sûr intéressé de savoir si des gens lisent ces articles 🙂 donc n’hésitez pas à poser des questions ou faire des commentaires juste en dessous. Vous pouvez également vous abonner aux pages Facebook et LinkedIn pour savoir quand un nouvel article est disponible. Et bien sûr n’hésitez pas à partager l’article autour de vous pour le faire connaître, ça m’aidera beaucoup, et c’est très simple il suffit de cliquer sur les boutons ci-dessous.
Enfin je vous souhaite bien sûr de bonnes fêtes de fin d’année, profitez-en bien, et c’est en plus un excellent moyen de comprendre comment les quantités de déchets ont pu autant augmenter au cours des dernières décennies 😀 . A très bientôt en 2020.
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